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Le doute est-il notre meilleur atout ?

Première conférence donnée lors du TEDx Place du capitole le 14 Janvier 2012 (La deuxième est visible ici).


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L’information (ballon d’air)

Bonjour. Je m’appelle Jacques HONVAULT et je suis passionné de sciences depuis mon enfance. Mais je n’ai pas choisit la carrière de chercheur car je voulais créer, inventer. J’ai donc passé un diplôme d’ingénieur. J’ai travaillé dans l’industrie automobile pendant 10 ans. Avant de me reconvertir dans l’Engineering Art, je me suis spécialisé dans la photographie de phénomènes rapides. J’ai donc développé avec des amis des modules électroniques qui déclenchent l’appareil automatiquement avec le son. J’ai également acheté ce reflex numériques car il est doté d’une « réponse instantanée». Cela ma couté le prix d’une petite voiture. Regardez, le micro, la centrale de commande, et le câble de déclenchement. JH claque les mains, une photo est prise avec le flash sur le boitier. Un câble USB relie l’appareil à un ordinateur qui envoie à ce projecteur la photo réalisée. Avez-vous une petite idée de la manière dont se déchire un ballon rempli d’air ? Un ballon, un pic à brochette et… Action… JH prend un ballon déjà gonflé et un pic à brochette. Le ballon explose. Alors que dit la régie ? … La régie affiche la photo. Raté ! On s’est donc trompé quelque part. Dans ce cas, il convient de douter ensemble des principaux ingrédients de notre expérience. Comme je n’ai que 18 minutes, je vous donne la solution : Ce sont les marketings de la marque qui ont été un peu vite en besogne. En fouillant sur leur site internet du constructeur, on peut lire  « Réponse instantanée : temps de réponse d'environ 37 ms au déclenchement ». Et encore, uniquement lorsque l’on a désactivé les automatismes et sélectionné un mode spécial qui n’est même pas renseigné dans la notice. Un ballon, rempli d’air se déchire quant à lui en même pas 1 milliseconde. Donc, l’appareil étant trop lent pour ce phénomène que je vous propose de voir, il faut ouvrir l’appareil dans le noir, pendant plusieurs secondes, il va chercher à enregistrer la lumière mais il n’y en a pas, donc il n’enregistre rien et cette fois-ci, mon module déclenchera directement un seul éclair de flash qui va figer le phénomène. Le flash, n’ayant pas de pièce mécanique en mouvement est plus d’une centaine de fois plus rapide que l’appareil. Ensuite il ne restera plus qu’à refermer l’appareil avant de rallumer la lumière.

La régie affiche une image noire. JH, enlève le flash de l’APN, déconnecte le cordon dix broches de la centrale, connecte l’interrupteur à pied, et connecte le flash directement à la centrale. Il prend un ballon vide et commence à le gonfler avec 2 inspirations puis s’arrête. Personne ne souffre des oreilles ? Parce que cela va faire mal ! La régie tamise la lumière. JH continue à gonfler avec 2 inspirations puis s’arrête. La régie rallume la lumière. Le plus fort dans tout cela c’est que vous allez voir le ballon se déchirer en raison de la persistance rétinienne, vous savez, quand vous regardez une ampoule ou le soleil, et bien après avoir fermé les yeux, vous continuez de le voir. Soyez vigilants et regardez bien à l’endroit du ballon. La régie tamise la lumière. JH continue à gonfler jusqu’à l’explosion, il y  aura en tout entre 6 à 9 inspirations. La régie rallume la lumière APRES le signal de JH. Alors avez-vous vu ? On va demander à la régie de confirmer. La régie affiche la photo qui vient d’être prise. Etonnant non ? D’habitude un ballon explose en deux morceaux car on le fragilise en un seul endroit. Ici, gonflé à son maximum, il se désintègre littéralement. Regardez l’œuvre « Prévisible » que j’ai réalisée avec des conditions idéales. La régie affiche l’œuvre « Prévisible ». Cette œuvre est bien réelle, je ne suis pas un infographiste. Cependant rappelez-vous, cela fait 18 ans que Spielberg a ressuscité les dinosaures au cinéma, ou 18 ans encore que PPDA a truqué son interview de Fidel Castro. Alors par extension, ne croyez pas le cinéma, ne croyez pas la télé, ne croyez pas la publicité, ne croyez pas les informations que l’on nous sert sans vous poser un minimum de questions. Doutez. La régie affiche une image noire.

La science (ballon d’eau)

Lors de mes crises de doute, je me réfugie dans la science. En plus, il y a de nombreuses expériences ludiques à faire. Et si on éclatait cette fois-ci un ballon rempli avec de l’eau ? Nous avons tous déjà joué avec des bombes à eau, et nous savons déjà que ce ballon fera bien moins de bruit en éclatant… Est-ce qu’il n’y aurait pas une autre astuce d’ingénieur ? JH marque une pause et change le cordon flash de S1 à S2… Et bien regardez, si je prends mon flash, que je connecte ces deux bornes à deux pics à brochettes et que je ferme le contact… Le flash se déclenche à ce moment là. Vous savez tous qu’il ne vaut mieux pas jouer à l’électricité dans sa baignoire ? JH marque une pause… L’eau conduit l’électricité. Donc, quand je planterai les deux pics à brochettes dans le ballon, l’eau va refermer le contact et je ferai la photo exactement au bon moment ! Facile avec la science, ce qui m’a toujours plu dans la science, c’est que l’on peut prévoir ! On appelle cela le déterminisme. La régie coupe la lumière. Attendez, j’ai un doute ! La régie rallume la lumière. JH fait se toucher les pics, le flash se produit, JH plonge les pics dans un verre d’eau, le flash ne se déclenche pas. La notion de science « l’eau conduit l’électricité » est fausse. Ou tout du moins très imparfaite. Silence. C’est comme pour l’air, cela ne conduit pas l’électricité sauf s’il y a des centaines de milliers de volts dans les nuages d’orages. Et bien l’eau est très faiblement conductrice, assez pour nous tuer dans certaines situations, mais pas assez pour que mon flash réagisse à une fermeture très partielle du circuit électrique. Heureusement, j’ai la possibilité d’augmenter le signal électrique en ajustant un petit amplificateur.

JH règle le seuil de déclenchement de 137 à 2000mV. Une petite validation, JH plonge les pics dans un verre d’eau, le flash se déclenche. Je préfère cela. La régie coupe la lumière. JH crève le ballon, le flash se déclenche. La régie rallume la lumière et affiche la photo qui vient d’être prise. Cette fois-ci c’est la bonne ! La régie affiche l’œuvre « Les niveaux de réalités ». Avec de la rigueur et de la méthode, on peut réussir à tous les coups comme pour mon œuvre « Les niveaux de réalités », où par neuf fois, j’ai crevé neuf ballons différents avec neuf temporisations différentes. La régie affiche une image noire. Alors que conclure : que la science n’est jamais vraie. Elle est juste non fausse jusqu’à preuve du contraire. Il y a trois cents ans, Newton et sa pomme expliquaient tous les mouvements. Puis nous avons su mesurer la vitesse des électrons, et ses formules sont devenues fausses. En 1905, Einstein s’attribut la relativité de M. POINCARÉ et démocratise de nouvelles formules, en autre la fameuse E=mc2. La relativité est restée « vrai » cent ans, jusqu’à devenir « fausse » fin 2011, lorsque l’on a mesuré la vitesse de nouvelles particules avec assez de précision pour s’apercevoir que la vitesse de la lumière n’est plus une limite. Bref considérer que la science est vraie est une croyance. Il faut également douter de la science. Il y a 5 ans que j’ai pris conscience de cela. Il fallait que j’exprime cette salutaire désillusion par une nouvelle photo…

Les hommes (ballon de gaz)

L’eau, l’air, c’était bien, mais le feu, ne serait-ce pas l’idéal pour cela ? La régie projette l’œuvre « Croyance ». Je m’étonnais que certains grands scientifiques n’excluent pas l’existence de Dieu. Notamment pour le big bang. Est-ce la main de Dieu qui a allumé le feu originel ? C’était comme si ces scientifiques plaçaient une croyance à la limite de leur connaissance. Moi, je pensais que la science expliquant sans cesse plus de choses, elle finirait par tout expliquer, rendant ainsi inutile la croyance en Dieu. Mais cette idée justement est aussi une croyance, un acte de foi en faveur de la science ici. J’étais un croyant scientifique. Le comble pour un athée ! Depuis je suis agnostique.

Donc revenons à nos expériences. Remplissons ce ballon de butane pendant 10 secondes. Attention, cette expérience est dangereuse et contrairement aux deux autres, je la déconseille à quiconque. Pour rappel, avant ma carrière d’Engineering Art, j’étais auparavant expert dans les moteurs de voitures fonctionnant au gaz. Veuillez bien sensibiliser vos enfants pour qu’ils n’essayent pas de reproduire cela, il y a des gaz qui montent au plafond, d’autres qui tombent sur le sol. Il faut beaucoup de connaissances pour faire cette expérience dans de bonnes conditions de sécurité. Voici la bougie, le briquet. Excitant non ? Prêt en régie ? La régie affiche une image noire, JH débranche le flash de la centrale de commande. On y va. Le carburant est dans le ballon, le comburant est dans l’air, c’est l’oxygène que nous respirons, et je ramène la flamme qui va initier la réaction. Attention…  JH ramène la bougie vers le ballon, qui se crève mais sans brûler, la régie allume la lumière immédiatement après. Vous vous attendiez à quoi ? Que je fasse une boule de feu dans cette salle séculaire ? Vous ne doutez de rien ! Cela fait pourtant 10 minutes que je vous mets en garde ! Ma bonbonne est en réalité remplie d’air comprimé. Ce qui n’empêche qu’avec du vrai gaz, on obtiendrait ceci : La régie passe la vidéo de la combustion et réalise un fond noir avant la fin du clip. Le problème est que vous m’avez fait confiance. Et nous sommes tous enclins à faire confiance aux gens respectables. Tenez, êtes-vous fait d’atomes ? Silence… Et pourtant vous n’en avez aucune preuve, je me trompe ? Est-ce que quelqu’un, maitrisant assez la physique quantique, a pu accéder à un accélérateur de particules pour se forger une conviction ? Non, par défaut de connaissance, il est un fait que nous avons tous tendance à croire les scientifiques. Et certaines personnes connaissent notre propension à croire les scientifiques et en abusent. Combien d’experts ou de pseudo-scientifiques nous disent à la télévision que le nuage de Tchernobyl ne passe pas la frontière, que la viande est saine, que ce médicament n’a pas d’effet néfaste, etc…

Moralité, doutez, doutez des images, des informations, de la science, et doutez des hommes y compris de moi !

Dans le même registre, un ami m’a dit : « toi qui aimes la science et le doute, enquête sur le 11 septembre 2001, savais-tu qu’il y a trois immeubles qui se sont écroulés alors que 2 avions seulement se sont écrasés à New York etc, etc… » Nous avons dans cette polémique deux camps qui s’affrontent, la version officielle écrite par des agences gouvernementales dans des rapports de plusieurs milliers de pages désignant 19 coupables, et de l’autre coté, une quantité de sites internet qui clament que des américains hauts placés ont organisé ces attentats en vue d’intérêts financiers monumentaux. Avec du recul, j’observe que ces deux camps s’affrontent avec la même forme d’argumentaire : « votre témoin n’est pas crédible, votre étude n’est pas crédible, votre expert n’est pas crédible, votre preuve n’est pas crédible ». Nous revoici en pleine guerre de croyance comme à l’époque où celui qui ne pensait pas que la terre était au milieu de l’univers pouvait finir sur un bûcher.
Pourtant il nous faut bien croire quelque chose !

La régie projette l’œuvre « limite de notre perception#2 ». Tenez regardez cette photo que l’on ne m’a pas autorisé non plus à refaire ici : avec un flash de quelques millionièmes de secondes, j’ai pu figer la visualisation du mur du son. Auriez-vous pu croire voir le son avant cette photo ? La vérité peut être incroyable. N’en doutons pas. On affiche le slide suivant : écran noir.

Je vous donne un conseil, un vrai : quand quelque chose ne va pas, et que vous ne comprenez pas pourquoi, c’est que quelque chose que vous tenez pour acquis, pour sûr, pour vrai, ne l’est pas. Ou ne l’est plus. On ne va pas chipoter. Le doute est notre meilleur atout.

Nos sens (ballon, eau et rebond)

Mais vivre dans le doute est infernal. Cela peut même rendre fou. Je vous prie de me croire sur parole. Car nous ne pouvons plus rien croire, image, média, politique, science… Même les honnêtes choses, les honnêtes gens peuvent nous inspirer le doute. Alors faut-il appliquer le proverbe : « Heureux est l’ignorant » ? Ou accepter de vivre dans l’illusion ? Nous avons besoin de croire. On peut aussi être tenté de nier l’extérieur et de se concentrer sur soi-même : nos 5 sens et notre réflexion. Peut être dites-vous que vous ne croyez que ce que vous voyez…

Regardez. Je reprends encore une fois un ballon rempli d’eau. Mais un gros cette fois-ci. Regardez. Vous avez vu ? Incroyable non ? Qui dit bruit…dit vibrations ! Vous ne les avez pas vues ? On va le faire encore plus fort. Je vais le laisser tomber sur la table, vous êtes prêts ? Alors c’est parti ! La régie tamise la lumière. JH lâche le ballon, le flash se déclenche. La régie rallume la lumière et affiche la photo qui vient d’être prise. Je vais le refaire une deuxième fois pour être sûr que tout le monde le voit en direct ! Voilà, c’est ainsi que j’ai réalisé mon œuvre « Puberté ». La régie projette l’œuvre « Puberté ». Magnifique, non ? Pourtant, rien dans notre vue n’indiquait pareille transformation. Il fallait mélanger nos sens de l’ouïe et du toucher pour ressentir ces vibrations sans les voir. A douter de nos certitudes, nous pouvons accéder à un autre niveau de réalités.

Notre réflexion.

Un dernier exemple pour conclure Nous savons tous comment tombe un liquide. Et pourtant lorsque je présente mon œuvre « l’ouverture d’esprit » il y a souvent une période de doute. La régie projette l’œuvre. On se pose des questions, on retourne l’œuvre dans plusieurs sens. La régie passe les 4 slides suivants. Alors que la solution se base sur un piège tout simple : la pesanteur, cette force qui nous attire tous au centre de la terre, fait que la surface des liquides au repos est horizontale. L’horizon est donc ancré dans notre esprit comme symbole de stabilité. Or cette table horizontale est en fait en mouvement. Un making of est visible sur mon site internet. La régie projette la vidéo making of. Je la photographie à l’exact moment ou elle passe par l’horizontale. Le verre est bien sûr collé à la glue mais vous pourrez découvrir tout cela sur mon site. Il faut donc faire preuve d’ouverture d’esprit pour casser la symbolique « horizontalité égale stabilité » pour accéder à la réalité qui se cache derrière cette œuvre.

Conclusion.

Pour résumer, nous ne sommes que les témoins partiels du monde. Nos oreilles n’entendent que de 20 hertz à 20 000 hertz, nos yeux ne voient des rayonnements que de 400 à 800 nanomètres etc. Que dire de notre cerveau qui se fait piéger par de nombreuses illusions d’optiques ? Combien de fois on se trompe honnêtement, en mentant bien malgré nous ? Nous ne percevons que peu de choses, et peut-être même pas l’essentiel… Suis-je en train de parler de Dieu, de l’Amour, ou de nous-mêmes ? Nous ne pouvons être sûrs de rien, sauf bien sûr de douter. Alors doutez et ensuite osez imaginer.

Jacques HONVAULT