Auto portrait en synthèse différentielle

Résumé

Nos émotions peuvent se communiquer à travers de subtiles modifications du visage. Si on ignore ces zones d'expressions, alors on peut difficilement comprendre l'autre.

Introduction

Les gens qui se connaissement de très longue date, couples, amis, fratries, le savent souvent : on est capable de reconnaitre une émotion chez quelqu'un que les autres n'ont même pas perçue. Parfois même, on pense percevoir un trouble de notre interlocuteur à son insu, qu'il peut d'ailleurs nier. Avons-nous imaginé des signaux qui n'existent pas ? Ou avons-nous perçu de vrais signaux qui révèlent un état inconscient chez notre interlocuteur ? Cette question m'est importante, car elle peut justifier ou désarmorcer bien des querelles !

Le protocole

L'idée de la synthèse différentielle m'est venue naturellement lorsque j'ai voulu montrer/acquiescer/dénoncer/m'émanciper de la culture du mouvement dans notre société. Deux photographies prises depuis exactement le même endroit sont "soustraites". Les zones immobiles deviennent alors complètement noires. Après plusieurs essais, le protocole mis au point fut le suivant : corps allongé à l'horizontale, tête maintenue dans un coffrage de plâtre moulé, appareil situé à l'aplomb du nez. Avant chaque nouvelle émotion, une nouvelle photographie neutre est prise, moins de 10 secondes entre la photo du visage neutre et la photo du visage qui exprime une émotion. Si malgré le coffrage il y a eu rotation de la tête, un recalage des 2 photos sur le niveau des globes occulaires est fait. La barbe a été conservée pour avoir des traceurs de mouvement sur le bas du visage. L'appareil photographique est placé en mode manuel :exposition, mise au point, température couleur sont fixes. Les sources de lumières, deux flash cobra, sont également réglées en manuel et à des puissances partielles pour éviter des fluctuations d'éclairage.

Les portraits

Douze portraits parmi les 24 réalisés sont visibles en haute définition dans la fenêtre de gauche. Vous pouvez zoomer avec la molette de la souris, vous déplacer sur les différentes zones dans l'image et comparer vous-même les deux images d'origine.

Dépouillement

- La deuxième photo a toujours une pupille légérement plus contractée. En effet, il faut plusieurs dizaines de secondes pour que la pupille retrouve sa taille initiale après le flash de la première photo. Si on attend le temps que la pupille se redilate, les variations de position de tête, couleurs de peau peuvent tromper les observations alors que le défaut de pupille est systématique.

- Lorsque la peau rougit, comme lors d'une apnée ou un trouble émotionnel, la synthèse différentielle montre une couleur verte. Ce résultat contre-intuitif montre que notre peau n'augmente pas en valeur de rouge, mais que la réflexion des couleurs complémentaires diminue, par augmentation de l'absorption de celles-ci.

- Le crâne ne se translate pas (axe corps, axe oreilles, axe nez). Mais il bouge en rotation (axe oreilles). Un recalage sur le niveau des yeux a été fait et une évolution du moule est à réaliser pour les prochaines séances.

- Des rougeurs, des modifications de grains de peaux (peau plus ou moins tendue), rides, peuvent apparaitre localement.

- Des zones entières peuvent rester sombres montrant bien que certaines sont localement plus propices à s'exprimer, commissures des yeux et de la bouche notamment. Les globes occulaires sont inexpressifs, seules les paupières se déforment. Mais l'activité intellectuelle influe sur la position du regard, strabisme ou encore, pour moi qui est droitier, regard orienté vers ma gauche lors d'un appel à la mémoire, regard orienté vers ma droite lors d'un appel à l'imagination.

Extension

Il est ainsi plus facile d'appréhender les zones d'expressions du visage. C'est sur ce type de connaissance que le "mystère" de la Joconde est ainsi basé : Leonard de Vinci a peint de manière floue les commissures des yeux et de la bouche : chacun peut alors imaginer, au gré de notre propre humeur, si Mona Lisa sourit ou s'ennuit. J'ai donc dès lors la matière photographique et les connaissances pour créer des portraits énigmatiques s'approchant de la plus célèbre des peintures.