Manifeste 2014 : en toute vérité
Voici sept ans que j’ai décidé d’infléchir le cours de ma vie et quatre ans que je me suis lancé à plein-temps dans cette aventure professionnelle d’artiste-ingénieur. J’ai alors quitté un monde de l’industrie gouverné par les chiffres. Armé de la méthode scientifique, de la rigueur des procédures industrielles, je pensais que je franchirai vite les étapes de cette nouvelle carrière. J’ai découvert un autre monde fait cette fois-ci de mots et de concepts. Ce monde de l’art se révéla tout aussi superficiel que celui de l’industriel, seul l’apparence comptant, où un bon pédigrée est nécessaire pour réussir.
Mais avancer dans le monde de l’art, du sensible, a donné une profondeur inédite à mon questionnement sur les connaissances et a renforcé mon regard humaniste. Ma confiance en la toute-puissance des sciences s’étiola peu à peu, il suffit de regarder l’état de notre monde. Sommes-nous comme à l’époque de Galilée, refusant d’envisager une nouvelle conception du monde ? Je comprends qu’il fallait douter de tout et que l’épanouissement personnel nécessite de nombreuses remises en question, de nombreuses prises de risques. Telle était la thématique de mes interventions TEDx de janvier 2012.
Comme par hasard, c’est à ce moment précis que j’ai vécu une expérience mystique. Devant l’ineffable et la transcendance, le choc fut rude. Résultat, ma démarche gagne en profondeur, « l’incroyable peut être vrai » et « l’homme est mon sujet, la science mon médium » trouvent alors toute leur justification. Comme si tout mon parcours n’avait que pour but de m’amener à vivre cela. J’ai pris conscience que bien des phénomènes extraordinaires sont vrais, même si la majorité des gens préfère les ignorer faute de compréhension. Mon travail est alors de préparer les esprits à accepter ce qui le dépasse. Ce n’était pourtant qu’un début, car il ne s’agissait que de l’apparence des choses, que du monde extérieur.
Il me restait à vivre une révolution, celle en moi-même, le fameux « Connais-toi toi-même ». Orienter le regard de la curiosité vers soi.
La série Capillotracté ? fût donc réalisé avec cette ambivalence : parler de phénomènes scientifiques qui ouvre à ce qui n’est expliqué par la science, et en particulier à la nature de notre conscience. Mais j’avais encore peur de dire que le scientifique que je suis s’intéressait aux expériences mystérieuses de notre psyché. J’ai alors entamé l’écriture libératrice de mon livre ConSciences, voyage aux frontières de l’entendement. En révélant progressivement la nature spirituelle de mon questionnement, je présente quelques expériences significatives que j’ai vécues et les hypothèses que j’explore.
Petit à petit, j’ai découvert le plaisir d’écrire, ce respect pour le lecteur qui est en fait l’amour de l’autre. Plus je sculptais ce livre-confession à coup de réécriture, plus l’urgence de dire la vérité s’imposait en moi. Brel ne chantait-il pas à raison dans Grand Jacques que c’est trop facile de faire semblant ? L’amour de l’autre impose d’être dans la vérité. Pour les autres, ce n'est déjà pas si évident. Mais c'est bien plus dur pour soi-même et que dire pour notre conjoint ? Cependant, pour qu’un amour soit véritable, ne faut-il pas «accepter l’autre dans toute sa vérité» ?
Révéler la noirceur de certains de mes comportements fut douloureux. Mais cela fut libératoire et même prometteur pour peu que l'on nous accorde le pardon. Vivre dans la plus grande transparence m’apparaît alors comme un acte créatif fondateur et fondamental : celui d’initier un nouveau monde. Un cercle de confiance absolu ou un véritable amour est enfin possible. L’espoir d’un monde meilleur naît là. On peut alors comprendre que ce qui relie et sous-tend chaque chose, ce n’est ni la science, ni la technologie, mais bien l’amour.
Jacques HONVAULT, le 16 juin 2014